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Billet Littéraire

 

9782266250061FSSynopsis

Allemagne, 1944. Malgré les restrictions, les pâtisseries fument à la boulangerie Schmidt. Entre ses parents patriotes, sa sœur volontaire au Lebensborn et son prétendant haut placé dans l’armée nazie, la jeune Elsie, 16 ans, vit de cannelle et d’insouciance. Jusqu’à cette nuit de Noël, où vient toquer à sa porte un petit garçon juif, échappé des camps… Soixante ans plus tard, au Texas, la journaliste Reba Adams passe devant la vitrine d’une pâtisserie allemande, celle d’Elsie…
Et le reportage qu’elle prépare n’est rien en comparaison de la leçon de vie qu’elle s’apprête à recevoir.

511 pages en Format Poche

 

 

Mon Avis

Wahou ! Quelle claque !

Bon, par où commencer…?

Je sais ! Il me faut d’abord vous raconter ma rencontre avec ce roman : il y a plus d’un an, la maman des filles m’a prêté Un goût de cannelle et d’espoir en me disant : « Je te laisse un roman sur le pouf, tu vas adorer ! ». Pendant donc plus d’un an, par trois fois, j’ai tenté de lire ce livre. Chacune des fois, je lisais son synopsis et ses deux premières pages puis le délaissais pour un autre titre, en rien captivée et me demandant désespérément si j’arriverais jamais à le lire. Dernièrement, après Chanson douce, je ne savais pas à quel ouvrage m’abreuver pour étancher ma soif… J’hésitais entre plusieurs romans, en commençais certains puis les abandonnais au bout de la première page… C’est alors que j’ai repensé à Un goût de cannelle et d’espoir, me disant : « Et si…? » C’est ainsi que pour la quatrième fois, je l’ai sorti de ma pile-à-lire et ai relu son synopsis ; cette quatrième fois a été vraiment différente car j’ai senti que « c’était la bonne »… que c’était le moment de le lire. Je n’avais pas raté le coche et ne le raterai pas car c’était son moment, j’en étais certaine ! Cette certitude est inexplicable… ou presque : sûrement que mon âme était prête à accueillir ce que j’imaginais de ce roman… ou peut-être voulais-je garder un lien avec la famille des filles qui me manquait… N’en reste pas moins cette étrange sensation qui m’a parcouru l’âme, comme un souffle me chuchotant : « C’est maintenant. »

Dans ce premier roman, Sarah McCoy nous conte principalement les histoires d’Elsie et Reba, deux jeunes femmes qui se découvrent des convictions : en 1944, en Allemagne, Elsie protègera une jeune vie au péril de la sienne ; de nos jours, aux Etats-Unis, Reba se risquera à aimer malgré ses doutes et ses peurs. Quoi de plus beau et respectable dans notre monde ? Secondairement, nous apprenons à connaître Josef et Riki, deux hommes qui voient leur altruisme malmené par les caractères violent et intolérant de leur vie professionnelle : en 1944, en Allemagne, Josef est un officier SS de la Gestapo ; de nos jours, aux Etats-Unis, Riki est garde-frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Chacun de ces quatre personnages partira alors en quête de lui-même afin de rétablir l’équilibre entre idéaux et choix de vie (pssst ! C’est le secret du bonheur. 😉 ).

Du côté d’Elsie et Josef, en 1944, le contexte est oppressant et dangereux, vous vous en doutez. D’habitude, je ne suis pas friande de tout ce qui a trait à la Seconde Guerre Mondiale car c’est une période noire de l’Histoire que je préfère lire dans des documentaires plutôt que dans des romans. Certainement que mon âme est davantage parée face à des ouvrages documentaires que face à des ouvrages romancés… Ou peut-être préféré-je que ces abominables événements restent dans la réalité passée et ne viennent pas contaminer mon imaginaire… par peur qu’ils paraissent finalement trop réels, trop présents. Car ce sont bien là les pouvoirs de la littérature et de l’imagination : tout mettre en oeuvre pour que l’imaginaire soit si puissant qu’il se substitue presque au réel.

Tenez ! ça me fait penser à un moment de lecture de ma jeunesse : alors que je lisais Harry Potter et la Chambre des Secrets, confortablement installée sur le lit de mon frère, je me souviens avoir toussé le moins fort possible dans le creux de mon poing car Oncle Vernon et Tante Pétunia avait ordonné à Harry (et un peu à moi) de ne pas faire de bruit. C’est un instant de lecture que je ne veux jamais oublier ! 🙂

Revenons à notre cannelle et notre espoir. Cette fois-ci, j’ai été si horrifiée par les paroles dépourvues d’humanité d’un SS envers un homme de religion juive que j’en ai mis ma main devant ma bouche ouverte, choquée par l’antisémitisme auquel je venais d’assister. Les camps de concentration et d’extermination sont simplement évoqués, à l’image du peuple allemand qui subissait le fascisme du NSDAP et ne voulait sûrement pas admettre les horreurs desquelles il se sentait indirectement responsable. Enfin, si vous en savez peu sur les Jeunesses hitlériennes, vous allez être plutôt servis car vous réaliserez avec effroi qu’Hitler-le-fou-furieux préparait sa progéniture aryenne dès le berceau et même avant…

Un goût de cannelle et d’espoir porte bien son titre car les mots de Sarah McCoy ont effectivement un goût de cannelle et d’espoir. Autant dans le passé que dans le présent, le récit se déroule dans une boulangerie-pâtisserie : en 1944, en Allemagne, Elsie est la fille du boulanger-pâtissier et aide sa famille à faire tourner la boutique ; en 2007, aux Etats-Unis, Elsie tient sa propre boulangerie-pâtisserie avec sa fille, Jane. Et alors, je vous promets qu’en disséminant « des petits pains » par ici et « de la confiture » par là, Sarah McCoy nourrit notre âme et notre corps à la fois ! Pour ce qui est de l’espoir, il est bien présent malgré le contexte apocalyptique de la Seconde Guerre Mondiale et la contemporaine violence frontalière des Etats-Unis et du Mexique : un des messages de l’ouvrage est justement que même en les temps les plus sombres, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir !

Je terminerai sur trois points :

  • Premièrement, lorsque je lisais, je me demandais souvent : « Pourquoi devais-je lire ce roman à cet instant de ma vie et pas un an plus tôt ou un an plus tard ? » Je sentais qu’un message particulier m’était réservé pour que ma rencontre avec Un goût de cannelle et d’espoir ait été si particulière, si sensitive. C’est finalement quand Reba et sa sœur Deedee ont eu une conversation à propos du décès de leur père alcoolique que j’ai saisi : Deedee a eu des paroles tellement justes, comme si les mots qu’elle avait choisis m’étaient destinés, que j’en ai éprouvé un soulagement – tout comme Reba, d’ailleurs. Je me rappelle parfaitement l’endroit où j’étais lorsque j’ai lu ce passage – dans les escalators qui remontaient à la surface du Vieux-Lyon. J’ai tout à coup senti comme un poids en moins sur mes épaules… mon âme était plus légère et cela faisait réellement du bien… Je ne m’étendrai pas plus sur le sujet car si vous lisez le roman, il faut que vous découvriez par vous-mêmes ce passage… et peut-être vous fera-t-il autant de bien qu’à moi. Voilà donc pourquoi cet ouvrage a été une claque me concernant.
  • Secondement, Un goût de cannelle et d’espoir est très immersif ! J’étais dedans et accompagnais les personnages au fil des mots, avec l’impression d’avoir fait de nouvelles rencontres et m’être fait de nouveaux amis. Souvent, pendant ma lecture, je pensais au Gardien des choses perdues (Ruth HOGAN) car je sentais que j’avais la même particulière affinité pour chacun de ces personnages et que tous m’accompagneraient pendant un sacré moment – je pense de temps en temps à Laura, Freddy, Sunshine, Bomber et Eunice. En réfléchissant un peu, peut-être que ce phénomène est dû au fait que ces deux romans m’aient été prêtés par deux personnes qui me sont chères…
  • Troisièmement, à la fin de l’ouvrage, Sarah McCoy nous réserve une surprise en nous confiant plusieurs recettes allemandes de pâtisseries évoquées tout au long du récit. Cela rend le roman, Reba, Elsie, Riki et les autres encore plus réels ! C’est formidable ! J’ai hâte de réaliser ces recettes ! Elles auront un goût particulier, j’en suis sûre ! Un goût de cannelle et d’espoir, peut-être…? 🙂

Ne passez pas à côté de ce délicieux ouvrage, ce serait fort dommage. Vous verrez, vous en sortirez un peu transformés…

Belle lecture et bon appétit !

Line

 

Photo & Synopsis : Decitre.fr